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Clément Daniou (FFBB) -  18/08/2020

"Je me suis évanouie en quart de finale"


Fraîchement arrivée dans le 3x3 il y a deux ans, Victoria Majekodunmi est vite devenue une évidence en Équipe de France. Avec les U23 à la Coupe du Monde 2019 en Chine, elle s’est installée comme la leader du groupe, menant les Bleuettes à la médaille de bronze.

"À la base je ne devais pas du tout être là. Il y a deux ans, je n’étais pas forcément appelée pour être dans l’équipe U23 avec la génération 95, moi qui suis 96. C’était mon avant-dernière année et il fallait remplacer quelqu’un. Je me suis rendue disponible et je suis rentrée dans le cursus 3x3 Équipe de France." Ce coup du sort fut à n’en pas douter une très bonne nouvelle pour la carrière de Victoria Majekodunmi. Aujourd’hui cadre incontestée de la sélection U23, appelée en février dernier pour participer au rassemblement avec les A à l’INSEP, la joueuse de 23 ans s’est vite révélée comme étant la bonne pioche de ces dernières années. "J’ai tout de suite fait des étés plutôt corrects, je me suis exprimée à la Nations League et j’ai montré que j’avais un profil 3x3. Les coachs comme Yann Julien et Karim Souchu ont décidé de me faire confiance et m’intégrer dans l’équipe, jusqu’à avoir un rôle de leader. Ils ont vu que j’étais ouverte à la discipline et que je jouais plus libérée." Et pour cause, Victoria a rapidement fait valoir ses qualités athlétiques et sa propension à scorer avec les Bleuettes, chose qu’elle avait déjà faite en Équipe de France 5x5 chez les jeunes.

À la Coupe du Monde 3x3 U23 en Chine, elle a été la grande artisane de la réussite des Françaises, MVP officieuse de l’équipe, meilleure scoreuse du tournoi avec 51 points inscrits et membre du 3 All-Star. Surmotivée, décomplexée dans son rôle de leader, elle a illuminé la compétition tout au long de la semaine. "Je voulais vraiment terminer mes années U23 sur une bonne note. La compétition me reste en travers de la gorge avec notre 3e place, on aurait pu terminer premières. J’étais vraiment très concentrée en Chine, C’était « The Compétition » pour moi. On avait tout à gagner donc j’étais très opportuniste, j’ai tout donné." Les mots sont forts mais révélateurs de l’état d’esprit affiché par Victoria Majekodunmi tout au long de la compétition, au point même de faire un malaise vagal lors du quart de finale face à la Chine. "Je me suis évanouie. Je voulais absolument prouver", dit-elle. Amputée de ses coéquipières habituelles, elle fait alors équipe avec Catherine Mosengo-Masa, Maud Stervinou et Ana Ngo Ndjock et doit se démultiplier pour pallier aux différents manques d’automatismes. "On ne se connaissait pas vraiment avec les filles. On a eu un peu de mal parce qu’on n’avait pas pris d’habitudes. J’avais fait six tournois avec les filles habituelles, un nombre incalculable de matchs, les automatismes étaient là. Je ne dirais pas qu’on était outsiders en arrivant en Chine mais on partait de loin."

Les choses se seraient-elles passées différemment avec l’équipe habituelle ? Victoria Majekodunmi aurait-elle été sacrée championne du Monde si Caroline Hériaud, Myriam Djekoundade ou Lisa Berkani avaient participé à la compétition ? Impossible de répondre à ces questions à l’heure actuelle. Pour autant, celle qui jouait à Calais en LF2 cette saison semble déjà avoir sa réponse. "En toute honnêteté, je pense que oui. C’était plus facile en fait. Je sais qu’avec les filles de la Nations League c’était vraiment automatique. Là c’était la première compétition pour Ana et Maud. Je le les blâme pas mais ça a joué. On était un peu timide quand on a débuté, on apprenait à ne pas gêner l’autre." Il est presque impossible de corriger les propos de Victoria Majekodunmi. Au 3x3, encore plus qu’au 5x5, un collectif rodé aux joutes de la pratique aura toujours un avantage non négligeable sur les autres. Battues sèchement par la Russie en demi-finale, les Bleuettes n’auront pas échappé à la règle. "Les Russes et les Japonaises ont joué ensemble tout l’été. À ce niveau, on est vraiment sur des automatismes et ça a été compliqué pour nous de ce côté. D’entrée on a perdu contre l’Ukraine, on ne savait pas comment les jouer, j’ai trouvé qu’on avait même peur d’elles." Malgré tout, elles auront fait preuve d’une certaine force de caractère en renversant la Biélorussie pour mettre la main sur la médaille de bronze. Pour Victoria Majekoundmi "c’est un très bon résultat au vu de ce que l’on a vécu." Désormais passée chez les A où la concurrence sera rude pour un spot aux Jeux Olympiques de Tokyo, la nouvelle joueuse de Strasbourg (LF2) garde la tête sur les épaules, bien au courant qu’il sera compliqué pour elle de passer devant des joueuses comme Laëtitia Guapo et Migna Touré. "Les filles devant moi sont déjà installées. Ce sont toutes des grosses joueuses de 3x3. Elles ont prouvé qu’elles avaient une équipe soudée et ça fait déjà quelques années qu’elles jouent ensemble. On sent qu’il y a des automatismes et c’est dur de les casser pour faire rentrer une nouvelle joueuse. Malgré tout, ça reste un objectif." Toujours viser plus haut ! À 23 ans, sa carrière devant elle, Victoria Majekodunmi a déjà compris que pour atteindre les sommets il fallait être ambitieuse.

Le replay du match pour la 3e place :