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FFBB -  26/05/2020

Ballistik, genèse d'une team 3x3


Ils s’appellent Eddy, Charles, Aurélien et Alex. En mars 2017, ces quatre basketteurs amateurs ont créé "Ballistik", une start up bordelaise ayant pour objectif d’encadrer leur équipe de 3x3 et de promouvoir cette discipline.

Eddy Steiner, Alex Vialaret, Charles Albert et Aurélien Blanchard font partie du Top 100 des joueurs français 3x3. Tous ont joué ou jouent encore en Nationale 2. Les deux premiers cités se tiraient la bourre en Nationale 2 en 2018 avec leurs clubs respectifs de Meilhan-sur-Garonne et des JSA Bordeaux, avant que le club bordelais n'accède à la N1. Charles a rejoint en 2016 l’équipe réserve du Poitiers Basket 86 en Nationale 3. Aurélien a joué en N2 à La Rochelle puis à Saint-Clément-les-Baleines, avant d'effectuer son retour à La Rochelle (N3) en parallèle a profession d’avocat. Ses trois acolytes sont professeur d’économie (Eddy), acheteur projet dans le secteur automobile (Charles) et étudiant en sciences de l’éducation (Alex).

L’association Ballistik trouve son origine sur les bancs de l’université. En 2014, Eddy et Aurélien font partie de l’équipe de France universitaire 3x3 qui est vice-championne du Monde à Salvador au Brésil, aux côtés de Stephan Gauthier (joueur pro à Boulazac en Jeep® ÉLITE) et du Niçois Thomas Laurent. Deux ans plus tard, Aurélien et Alex deviennent à leurs tours champions du Monde universitaire 3x3 en Chine. Lors de l’été 2016, le quatuor se fait remarquer sur la scène internationale du 3x3 en remportant le "Ball Out" en Angleterre et se qualifie pour son premier Master FIBA 3x3 – l’un des sept tournois majeurs dans le Monde - à Debrecen en Hongrie. "On était quasiment les plus jeunes du tournoi, entre 22 et 26 ans", se remémore Eddy. "On était tout nouveaux. Et au premier match, on rencontre Novi Sad, la meilleure équipe du monde, ces mecs qu’on regardait, qui nous avaient fait goûter au 3x3 !" Les jeunes Français s’en sortiront avec une défaite 21 à 12. Ils ne seront pas loin de sortir de la phase de poule de ce premier Master. "Sur place, il y avait un engouement énorme autour du tournoi. Les équipes, l’ambiance, c’est quelque chose qu’il faut connaître", dit Alex. Puis en février 2017, les quatre membres de l’équipe sont convoqués au stage de l’Équipe de France 3x3. "On est bien intégré. On joue les yeux dans les yeux avec ceux qui sont du monde pro", raconte Eddy.

L’association Ballistik voit le jour juste après ce rassemblement, en mars 2017. Pourquoi ce nom ? "Ballistik c’est le Ball, bien-sûr et puis en anglais go ballistik ça veut dire, devenir fou furieux, c’était bien notre état d’esprit !" Ballistik va faire appel à un graphiste de talent, Florent Larronde, afin de se doter d’une identité visuelle forte. Le site internet, la plaquette du "crew" détonnent par leur qualité. "On avait vraiment dans l’idée de créer quelque chose de nouveau. On était la première équipe en France à se développer de cette manière", poursuit Alex. La campagne de crowdfunding lancée en 2017 permet de récolter près de 6.000 euros et de financer en grande partie la première saison estivale de Ballistik. Les premiers sponsors s'intéressent à l'équipe l'année suivant la création de la team. "On compte sur l’exposition des Jeux Olympiques pour être reconnus. Avec Eddy, on va toquer à des portes, on envoie des mails. Cela nous prend du temps.", souligne Alex. "Ce n’est pas simple de pousser des gens à investir, à croire en nous", poursuit Eddy. "Trouver de l’argent, c’est le nerf de la guerre. Heureusement, je suis le pro de la compression des coûts", se marre le prof d’économie. De fait, il s’agit d’optimiser au maximum le calendrier. Ainsi, sur un weekend prolongé, Ballistik peut aller disputer un tournoi régional en Espagne le vendredi puis enchaîner directement avec un deuxième tournoi en Hongrie le lundi, sans repasser à la maison. L’équipe parvient à s’en sortir avec un budget d’un peu plus de 6.000 euros pour une saison de 3x3. C’est trois ou quatre fois moins que d’autres équipes européennes. Les membres de Ballistik mesurent le chemin qui les sépare d’une formation comme Novi Sad, la référence mondiale. "En terme de niveau basket, c’est atteignable mais pour atteindre leur niveau il faudrait ne travailler que sur le 3x3 toute l’année, lâcher nos carrières de 5x5, et pour faire cela, il faut être quasiment huit joueurs pour avoir de l’opposition", explique Eddy. "Une autre variable importante, c’est le niveau de vie. Quand les Serbes gagnent un tournoi, en termes de pouvoir d’achat, ce n’est pas la même valeur qu’en France." Sous entendu, les joueurs de Novi Sad peuvent vivre toute l’année de leur gain en tournoi et se consacrer exclusivement à la pratique du 3x3 sans contraintes extérieures.

À l’opposé, les membres de Ballistik doivent composer avec leurs métiers – "c’est un casse-tête pas possible pour organiser le calendrier et chercher les bons tournois adaptés à nos emplois du temps professionnels". D’autant plus que le niveau des tournois 3x3 ne cesse d’augmenter chaque année. "Ce n’est plus le sport qu’on pratique dehors pour s’amuser avec les copains, parce que la saison est finie. Le niveau a augmenté parce que les équipes connaissent mieux les règles, les principes, savent mieux jouer sans perdre de temps", poursuivent les deux Bordelais. Comme le rappelle Alex, "tous les niveaux s’effacent en 3x3. Il faut carrément oublier le 5x5. Il y a 12 secondes pour attaquer donc il faut être vif. La prise d’initiative et la notion de duels sont hyper intéressants. Et comme cela se joue en 21 points en 10 minutes, chaque possession est importante. Il n’y a pas le droit à l’erreur." "Ce qui nous plait par-dessus tout, c’est l’adrénaline de la compétition et cette expérience entre potes", rajoute Eddy. "Et puis, on ne doit rendre de compte à personne, on n’a pas de coach, pas de dirigeant."